Renault 5 : réussite technique et esthétique confirmée par un succès commercial
La Renault 5 a fait son entrée sur le marché en 1972. Elle avait bouleversé les conventions en s’attaquant à deux dinosaures : la Renault 4 et la Citroën 2 CV. La R5 n’a pas tardé à se tailler une place de choix grâce à son allure « sexy » et à sa conception originale. Une réussite qui se soldera par un succès commercial et plus de 5 millions d’exemplaires vendus avant son retrait, en 1986.
Produit d’un paradoxe
La R5 date d’une époque caractérisée par une segmentation croissante du marché. Phénomène qui a incité Renault à faire un coup d’éclat pour se distinguer. La R4, comme la 2 CV, était un véhicule bon marché, pratique et robuste, mais spartiate, lent et pas raffiné pour 5 sous. Le passage de la R4 à la R5 équivalait à faire un saut dans le vide. Heureusement pour Renault, le parachute s’est déployé.
Dès son arrivée chez les concessionnaires, la R5 fait fureur. Cette puce devient une vedette de bandes dessinées, dans la pub et les brochures, et ses couleurs éclatantes – vert, orange et, même, rouge vif – font tourner les têtes partout où elle passe.
Son capot court aux formes anguleuses rappelle les années 70. L’esthétique est épurée, réduite au strict minimum, et intègre de nombreux composants. Un vulgaire bouton et une ouverture dans la carrosserie remplacent la poignée de porte traditionnelle, alors que les pare-chocs de métal cèdent leur place à des boucliers de matière plastique, matériau qui s’affirme à l’extérieur comme à l’intérieur.
Le châssis monocoque rigide est constitué d’une structure centrale réputée « indéformable », selon le fabricant. Une suspension indépendante aux quatre roues contribue à rendre la conduite agréable, amusante même. On a même adopté un nouveau principe de construction : l’avant de la voiture se déforme progressivement lors d’une collision pour réduire l’impact du choc sur l’habitacle et ses passagers.
La R5 est spacieuse, et ses sièges, ultra confortables. Quatre adultes peuvent y prendre place confortablement et son aire de chargement modulable est appréciée, surtout les 1er juillet, puisqu’elle passe de 270 à 892 litres, une fois le siège arrière replié. Des cotes surprenantes pour une voiture qui est plus courte, plus étroite, plus basse et, même, plus légère qu’une Yaris à 5 portes.
Sur demande, on peut vous livrer la R5 avec un toit ouvrant qui rappelle celui d’une 2 CV. Cette toile montée dans un cadre d’acier se soulève d’une main et découvre 60 %, au moins, de la surface du pavillon. Cette R5 laisse entrer les chauds rayons du soleil, certes, mais elle est également aussi peu insonorisée qu’une Jeep TJ…
Un « chameau »
Sous le large capot qui se soulève à contresens (vers l’avant) loge un petit 4-cylindres. La faible cylindrée des moteurs offerts en 1972, 782 cc (36 chevaux) et 956 cc (47 chevaux), annonce une consommation raisonnable. Mais pour les performances, il faudra attendre les moteurs de 1,3 et de 1,4 litre qui animeront les Renault 5 TL et GTL vendues chez nous. Forts de 69 chevaux, ces moteurs paraissaient pourtant coincés sous le capot, en raison de la « généreuse » tuyauterie imposée par les systèmes antipollution et du pneu de secours logé au-dessus (une idée pour libérer le coffre).
Ce moteur, qu’on faisait démarrer à froid en dosant l’étrangleur manuel, technique depuis longtemps oubliée, permettait à cette petite traction d’accélérer de 0 à 100 km/h en 14 secondes; la Honda Civic en mettait 16. Sa consommation moyenne, qui tournait autour des 8 litres aux 100 kilomètres, lui a valu d’ailleurs le surnom de « chameau ».
La boîte de vitesses manuelle à 4 rapports avec levier au plancher (et non au tableau de bord, comme pour plusieurs modèles destinés au marché européen) n’était pas un exemple de précision, mais on s’y habituait.
En 1976, la R5 était offerte à partir de 3 895 $, prix élevé quand on pense qu’une Chevrolet Vega affichait 3 433 $, et une Civic, 3 071 $.
Pour son lancement en France, en 1972, on présente la R5 avec humour. On la transforme en vedette de bande dessinée avec des personnages célèbres en Europe, comme Bécassine, Mandrake et Bibi Fricotin.